Il n’y avait personne dans cette salle. Personne hormis lui, ce jeune homme qui, assis dans un coin de la pièce, l’écoutait jouer du piano sans mots dire. Au tout début, c'est-à-dire durant les premiers jours où elle avait découvert l’endroit et commencé à y jouer, Ozalee s’était sentie mal à l’aise face à ces yeux gris, scrutateurs. A n’en pas douter, elle préférait jouer seule plutôt que devant ce garçon… Puis, alors qu’elle avait songé à ne plus venir, elle avait trouvé ce bout de papier, posé sur le clavier de l’instrument.
Tu deviendras grande. Artemis. Des mots qu’on lui avait maintes et maintes fois répétés et qu’elle jugeait stupides. Elle n’était pas pessimiste, simplement réaliste ; devenir quelqu’un de renommé n’était pas un rêve réalisable. Pourtant, venant de sa part… L’adolescente ne manqua pas de douter. Etait-ce si impossible que ça… ?
Les jours se succédèrent tandis que se profilaient à l’horizon les examens de fin de trimestre. Prise par le stress et les révisions, ce ne fut qu’un mois plus tard lorsque tout fut fini qu’elle se rendit de nouveau dans la salle de musique, partagée entre inquiétude et excitation. Elle tourna doucement la poignée et, découvrant peu à peu la pièce, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il était là. Artemis tourna son visage vers elle et lui offrit le plus beau sourire qu’elle ait jamais vu.
« Je suis content que tu sois venue. »A quel moment Ozalee tomba amoureuse de cet inconnu aux yeux gris ? Nul ne saurait le dire. Toujours est-il que les deux jeunes gens se dévoilèrent l’un à l’autre, sans chercher à précipiter les choses. Les années passèrent et, quittant Poudlard ils entreprirent de se marier et de vivre ensemble, malgré la désapprobation de leur famille respective. L’une prônait la supériorité des sangs purs, l’autre pensait que tous les sorciers étaient égaux. Ce qui causa leur perte bien plus tard…
C’est un matin de décembre, que Kaya naquit. Déjà à cette époque les choses allaient de mal en pis et ça ne s’arrangea pas avec sa naissance. La petite eut tôt fait de comprendre à quel point la relation de ses parents se détériorait et qu’il valait mieux pour elle de rester dans sa chambre. Sobre et vaste, c’est le seul endroit d’où elle ne pouvait entendre les cris. Les cris, les cris, toujours les cris… Des cris qui, à chaque pas hors de son havre de paix, se faisaient plus virulents, plus durs. Si bien qu’un jour, elle ne sortit plus que pour les repas et à plusieurs occasions la nuit, savourant le silence amène qui régnait dans leur immense jardin.
Il y eut un soir, puis un matin. Elle avait onze ans. Des bruits de verre brisé, des vociférations de rage. Ses pieds nus frôlèrent le sol et finirent par se poser pour de bon tandis qu’elle quittait son lit.
« JAMAIS TU M’ENTENDS, JAMAIS ! JE TE TUERAI OZALEE, TOI ET TA FAMILLE DE CHIENS GALEUX ! ET CE MÊME SI JE DOIS Y LAISSER LA VIE ! »Tu le savais, tu sentais qu’il se tramait quelque chose… Et tu n’as rien fait, souffla insidieusement la conscience de Kaya.
Tu as fait la sourde oreille pour ton propre bien… Quelle enfant égoïste. Elle fronça les sourcils et chassa cette voix insolente de son esprit. Le sens du mot « égoïste » n’existait pas pour elle, parce que les actes et les choix qu’elle avait pu faire dans son propre intérêt n’étaient que des réactions d’auto-défense. Jamais elle n’aurait agi de la sorte si tout était allé pour le mieux… Lentement, elle ouvrit la porte et se glissa dans le couloir, frissonnant au contact du carrelage froid. Les hurlements de son père se firent plus forts à mesure qu’elle avançait, jusqu’à ce qu’elle les entende parfaitement, du haut des escaliers. Elle posa son regard sur sa mère, les mains crispées sur la rambarde. Le visage fermé, impassible.
Elle ne fera rien. Elle ne fera rien… Les mots se répétèrent dans sa tête, comme une litanie sans fin. Les battements de son cœur s’accélérèrent brusquement, tambourinant furieusement. Des hommes, armés de leur baguette empoignèrent son père et l’entraînèrent à l’extérieur. Et elle ne ferait rien pour les en empêcher. Les jambes tremblantes, la fillette descendit les marches, se positionnant près d’un des domestiques de la maison.
« Où est-ce qu’ils emmènent Père… ? »Les murmures franchirent ses lèvres tandis qu’elle contemplait la scène, impuissante.
« Il y a des choses qu’il vaut mieux ignorer Miss. » Répondit doucement un majordome à sa gauche.
« Oubliez ce que vous venez de voir, c’est le mieux que vous puissiez faire. »Some things I'll never know
And I had to let them go
I'm sitting all alone feeling empty
Paramore - Pressure
La lettre de Poudlard arriva peu après cet… incident, durant un après-midi d’été. Installée au balcon de sa chambre, un hibou au plumage sombre vint se poser à ses côtés et agita les ailes un court instant afin d’attirer son attention. Kaya tendit la main et attrapa délicatement l’enveloppe coincée dans son bec. Elle parcourut rapidement du regard l’inscription, décontenancée. D’ordinaire, elle ne recevait jamais de courrier…
Mlle K. Wells
1er étage 3ème chambre
Demeure Wells
Londres
Poudlard… Elle allait aller à Poudlard. Ses mains se resserrèrent autour de la lettre. Elle ignora l’oiseau qui prenait son envol et ferma les yeux, prenant une longue inspiration. Sept ans… C’était long certes, mais de loin la meilleure possibilité qui s’offrait à elle. Oui, la meilleure.
Animal de Compagnie : Une chatte du nom de Kishi ; prénom amérindien signifiant « nuit ».
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Qu'est ce qui vous a poussé à vous inscrire ? L’envie d’un nouveau perso sur un nouveau forum.
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